Mystoires

Conception Aurélie Morin

Le Théâtre de Nuit

Mercredi 13 octobre 2010 à 15h et 19h, jeudi 14 à 19h00

Tous publics dès 4 ans
Durée 1h
Tarif E / Fr. 10.- avec la Carte Famille

Un spectacle aussi ingénieux que poétique mêlant conte et théâtre d'ombres. Petite intrépide, Mû va découvrir après un long et périlleux périple les secrets de la création du monde. Sur scène, deux comédiennes manipulent des figurines de papier, projettent des ombres sur de grandes toiles de tissu.

«Les figurines de papier, les ombres sont mises en mouvement pour créer un espace sensible et intime, une sorte de temps mythique, propice à la magie de la cosmogonie.» Aurélie Morin

Mû et ses amis vivent dans une grande ville toute noire. Mû ne parle pas, ne rit pas, ne pleure pas. Pour l’aider à soulager son cœur trop lourd, Coco, Hiné, Pépé, et Auguste décident de l’emmener voir le dernier géant de l’autre côté du monde, car on dit qu’il connaît l’histoire de l’univers depuis l’aube des temps… Se laissant guider par les rêves de Mû, les enfants marchent dans la nuit jusqu’à une infinie étendue bleue. En suivant des empreintes immenses, ils parviennent à l’intérieur d’une grotte. La voix rassurante du dernier géant les accueille et raconte : la naissance de l’univers, la séparation du ciel et de la terre, l’apparition de la vie, du soleil, de la lune, des continents,… Mû se laisse conter l’histoire du monde, elle y participe et apprend à le nommer. Les mots jaillissent  de sa bouche et son cœur se dégonfle, tandis que Coco, Hiné, Auguste et Pépé se familiarisent avec les couleurs inhabituelles du monde. 

Conception, réalisation, fabrication, jeu Aurélie Morin
Scénographie, fabrication, jeu Élise Vigneron
Petites installations (prologue-épilogue) Élise Gascoin
Régie générale, construction Messaoud Ferhat
Regard extérieur et complice, fabrication Julia Kovacs et Arnaud Labbé (Cie Automne2085)
Conception lumières Messaoud Ferhat, Aurélie Morin, TILT / Création musicale David Morin
Construction Bertrand Boulanger, Clotilde Laude, Patricia de Petiville / Costumes Christina Zofall
Coproduction Le Grand Bleu, ENPDA Lille - Région Nord-Pas de Calais,
L’espace 600 de Grenoble, Le CREA – Festival Momix de Kingersheim

« Pour raconter cette fable, les deux marionnettistes de la compagnie déploient des trésors d’imagination, en bricolant devant le public, et sans dissimuler leur monde à eux. (…) La magie du théâtre d’ombre, le jeu sur les couleurs, la douceur de l’accompagnement musical – léger comme des gouttes de pluie – ajoutent à la beauté de ce spectacle, qui confirme tout le talent de cette jeune compagnie. »
                                                                                                                                     H.P., L’Alsace


« Mystoires est la nouvelle création de la marionnettiste Aurélie Morin. (…) Le théâtre d’ombre de l’artiste émerveille à nouveau. Son univers extravagant et subtil, intime et extraordinaire, est cette fois à l’œuvre dans l’histoire réinventée des mythes de la création du monde, inspirée des cultures ancestrales amérindiennes, aborigènes et autres. ( …) La création sonore, tenue et  néanmoins très importante, la douceur des voix et le rythme subtil des images, requièrent la sérénité des enfants (…). »
                                                                                                                                        Nord Littoral


« Une impression de simplicité se dégage aussi bien de l’histoire que des moyens mis en œuvre. La forme donnée à Mystoires foisonne d’idées, de solutions, de trucs. Les traits de génie déployés à partir de simples lampes, transparences, reflets sont magnifiés par des graphismes et formes dans un style familier aux enfants. Mystoires accroche, émeut, réconforte. Ce spectacle est un authentique chef-d’œuvre. Au final un excellent spectacle pour jeune public, très apprécié des adultes. »
                                                                                                                                    Le bien public


« La mise en scène qui mêle les arts plastiques, les marionnettes et les jeux d’ombres et de lumières captivent les enfants. (…) Mais elle sait y ajouter les ingrédients nécessaires pour donner vie à tout cela : poésie, magie, contes fantastiques et légendes tribales. La jeune artiste anime ses petits personnages Mû, Auguste, Hiné, Coco, Pépé et Coyotte avec l’aide de ses complices, Elise Vigneron, Messaoud Ferhart et bien d’autres pour le plus grand plaisir des touts petits. »
                                                                                                              Mélanie Louf, Nord Littoral


« Le théâtre d’ombre est ancestral. Il est aussi, manifestement, une expression d’avenir. »
                                                                                                                                   E.D., Var Matin

Maxime Pégatoquet : Vous semblez apprécier les histoires aux dimensions philosophiques ou mythologiques. C'est donc que, même s'ils ne sont âgés que de 4 ans, vous tenez vos spectateurs en haute estime ?
Aurélie Morin : J’aime raconter des histoires qui me perdent moi-même, et dans lesquelles je retrouve mon chemin par hasard, dans des contrées intérieures, lointaines, mais peut-être communes à des centaines d’autres personnes. C’est là que je voudrais aller avec les spectateurs… Les histoires sont philosophiques et imprégnées de mythologies, car je trouve fascinant de raconter des histoires avec des moyens qui semblent simples, d’être en même temps au service d’une culture ancestrale qui ne s’éteindra jamais et de sentir que l’on appartient d’une façon ou d’une autre à un temps « mythologique », que l’on soit né il y a 3000 ans ou l’année dernière.
L’âge du spectateur n’a que peu d’importance, si l’on considère qu’être enfant n’est pas être infantile. Etre enfant, c’est aussi être doté d’une grande part de liberté de sens, d’imaginaire, d’énergie créatrice. L’enfant ne cloisonne pas les repères : on peut lui proposer un théâtre qui ne soit pas conformiste, qui tente de répondre à son immense désir de questionnement. Si on souhaite s’éloigner des clichés des spectacles dits « pour enfants » et simplement se réaliser en tant qu’artiste, on peut déjà commencer par se dire que tout adulte à sa part d’enfance en lui, comme l’enfant à sa part d’adulte en lui.

MP : Votre compagnie propose un « théâtre poétique des sens ». Qu'entendez-vous par là ?
AM : Il me semble finalement en lisant votre question que « théâtre poétique des sens » est un double pléonasme ! Tout théâtre passe nécessairement par les sens et par une forme de poésie… Le théâtre d’ombres est une forme que les êtres humains ont toujours utilisée pour exprimer leurs peurs, leurs émotions premières devant les mystères et les beautés du monde. Pourquoi ? Peut-être parce que c’est une forme qui se joue dans le noir. Dans le noir, tous nos sens se mettent en éveil pour laisser place à notre imaginaire et faire taire notre bon sens du quotidien. Dans le noir, tout peut surgir et nous emporter !
La nuit, les sens se mettent eux-mêmes en éveil, l’imaginaire se met à travailler de lui même! Il n’y a presque rien à faire, sinon se donner à cet état de vulnérabilité et d’ouverture. Pour un spectacle, je dirais qu’il est important de créer une atmosphère de confiance, où le rythme n’est plus à la course, et où l’on respecte infiniment la sensibilité de l’enfant qui va au théâtre peut-être pour la première fois. Si cette atmosphère s’installe, le spectateur accepte de se laisser emporter dans les images qui lui sont proposées et même d’y glisser son propre imaginaire. Les images, le son, la musique, les marionnettistes qui œuvrent à vue, la rareté du texte invitent également à ce que la pièce soit reçue non pas avec une analyse rationnelle mais avec les sens.

MP : L'ombre, la pénombre, la nuit... c'est une atmosphère dans laquelle vous vous sentez à l'aise?
AM : Je me sens plus à l’aise sous la lumière de la lune que sous celle du soleil ! Dans la vie comme au théâtre j’apprécie les atmosphères intimistes. Je crois en la nuit car elle est le lieu de nos secrets et de ce qui jamais ne sera dévoilé. La nuit, je peux enfin respirer calmement, je me sens plus à l’aise, car le temps s’arrête et laisse place à une autre forme de vie, à la fois plus douce et plus sensible. La nuit, je me suis souvent promenée dans la forêt ou au bord de la mer. Ce sont pour moi des moments d’intense et nécessaire solitude.

MP : Faut-il avoir peur de la nuit ? Ou alors est-ce justement le moment propice à voir naître des histoires dont on ne soupçonne même pas l'existence ?
AM : Je ne sais pas si il faut avoir peur de la nuit ! La sensation de peur est multiple et peut aussi donner lieu à un jeu. Elle peut être source d’inspiration et de transformation. Peut-être que la peur fait partie de l’être humain ; si on accepte cette peur, si on la transforme, on peut laisser libre court à des histoires fascinantes et lumineuses.